La Covid-19 met en lumière (en néon, devrais-je dire…) une tangente que notre société occidentale a prise il y a déjà plusieurs années. La pandémie fait ressortir une espèce de valeur vénérée par plusieurs qui, en théorie, est bien pleine de bonnes intentions mais en pratique, s’avère, à mon avis, sournoisement pernicieuse. Il s’agit du culte de la productivité.
J’adore être productive. Rayer des items d’une “to-do list” me rend hyper satisfaite et souvent, pas peu fière. J’aime raconter ma journée en nommant chacun des exploits/tâches/travaux que j’ai accomplis. J’ai l’impression que ma journée a été rentable, bien utilisée et que j’ai contribué à la société, à ma façon, quand je l’ai rempli avec des actions pleines de sens et de détermination. Au contraire, si je ne réussis pas à battre ma liste de tâche, ou si je passe un peu trop de temps sur les réseaux sociaux ou Netflix ou autre média qui fait passer le temps à la vitesse de la lumière sans que rien de concret ne soit accompli, je me sens un peu comme du caca. Comme si ma vie, cette journée-là, n’avait servi à rien. Comme si me reposer une journée de semaine était impensable et réprimandable. Comme si je n’étais pas assez forte, bonne, motivée pour apposer un petit crochet à côté des tâches que je voulais au départ exécuter.
Voyez-vous un peu, comment l’obsession de la productivité peut rapidement se transformer en un triste couteau à double tranchant?
Être productif en tout temps, tous les jours, spécialement pendant ces semaines de confinement, est devenu le summum de ce qui est bien vu. Faire son pain, démarrer son jardin, mettre en ligne des vidéos, écrire des articles, produire du contenu, répondre aux messages, travailler à distance, etc, sont des projets qui font l’objet de maints articles et vidéos sur les médias sociaux et autres plateformes en ce moment. On nous dit que la “bonne” façon d’utiliser notre “temps libre” est de faire, accomplir, cocher, rayer. Comme si la vie était une suite interminable de “bullet points” à barrer sur une liste de choses à faire. Comme si avoir des choses à faire et les accomplir était ce qui nous donnait de la valeur, ce qui nous validait, ce qui embellissait notre vie.
Bien sûr, nous avons tous des obligations, que ce soit en lien avec notre occupation, notre famille, d’autres gens qui dépendent de nous et c’est parfait! Accomplissons ce qui doit être accompli, et donnons-nous une chance pour le reste! Personne, à part nous-même ne nous oblige à faire toutes les choses. Personne ne nous oblige à ajouter toutes ces tâches à notre liste et, ensuite, toutes les cocher sous peine de passer une journée de marde! Serait-il possible d’arrêter de se mettre nous-même, autant de pression sur les épaules pour être toujours en action, productifs, “parfaits”!?
Et si, au lieu de vénérer la productivité, nous revenions à notre essence, à notre coeur? Peut-être qu’au lieu de lister tous ces trucs à faire pour nous distraire et oublier que nous vivons en ce moment même, une pandémie mondiale, pourrions-nous lister nos priorités, ce qui nous donne réellement des ailes, ce qui nourrit notre cerveau, oui, mais aussi notre coeur, notre âme. Le temps, c’est tout ce qu’on a. Alors au final, il est à nous de choisir à quoi on veut l’occuper. Prendre soin de nous, ralentir, s’occuper de notre santé mentale, physique, émotionnelle passe peut-être avant cuisiner des muffins (ou peut-être que ça en fait partie!). Parfois, Netflix PEUT faire partie de ce qui nous fait plaisir à ce moment. La culpabilité de “n’avoir rien fait aujourd’hui” n’a pas sa place dans le grand schéma de nos vies.
Notre temps ne doit pas être utilisé à nous taper sur la tête ou à regretter ce que nous n’avons pas accompli, mais à chérir les valeurs et les priorités qui nous tiennent le plus à coeur!
La vie est courte, alors pourquoi la vivre à travers des “to do lists” et des barrières que nous nous mettons nous-même. Quand la vie s’achèvera pour nous, ce ne sont pas ces listes qui nous rendront fiers de ce que nous avons vécu, mais bien l’amour, la gratitude, le joie que nous aurons partagés, et propagés.
Adhérez-vous, vous aussi au culte de la productivité? Qu’en pensez-vous?
Câlins,
Andy L.
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